Comment garantir des communications stables et sûres en temps de crise
Communications en temps de crise, comment les garantir? À cause de la pandémie de coronavirus, plus de la moitié de l’humanité est contrainte de ne plus sortir pour tenter d’endiguer sa propagation. Le confinement de plus de 3 milliards de personnes et le télétravail forcé pour une partie d’entre eux, s’accompagne mécaniquement d’une augmentation du trafic voix et données.
L’Espagne et la France ont ainsi signalé une augmentation de près de 40 % des échanges sur les plateformes OTT, une augmentation de trafic qui a atteint 70 % en Italie. En Afrique du Sud, certains opérateurs ont observé une augmentation de 40 % du trafic vocal et une augmentation de 25 % du trafic de données depuis le début du confinement. Au Bangladesh, l’usage d’Internet s’est accru de 15 %. Dans ces conditions, la question de la fiabilité des réseaux se pose. Comment faire face au pic de consommation attendu, sur la durée ?
Initiatives d’opérateurs
Ces volumes de trafic accrus obligent les opérateurs à augmenter la capacité du réseau pour garantir une continuité de service, ce qui se traduit notamment par le renforcement des capacités d’interconnexion. En cas de saturation, le trafic lié aux usages professionnels et aux services d’urgence pourrait être privilégié en diminuant la bande passante des sites de divertissement.
Dans ce contexte de crise, les opérateurs multiplient aussi les initiatives en soutien aux autorités sanitaires. Vodafone offre ainsi aux hôpitaux et aux médecins généralistes une capacité de réseau et des services supplémentaires et a déployé des services de visioconférence permettant aux patients de communiquer avec le corps médical. L’opérateur a aussi commencé à offrir un accès gratuit aux sites de soins de santé recommandés. Au Kenya, Safaricom et Airtel ont mis en place une ligne sans frais, où tous clients peuvent accéder aux dernières informations sur le coronavirus. De son côté, Telecom Egypt a augmenté les capacités des forfaits internet proposés à ses clients pendant un mois, pour soutenir les processus d’enseignement à distance. Au Sénégal, les opérateurs ont été sommés le 18 mars par le régulateur ARTP d’augmenter la bande passante pour soutenir le télétravail et les contributions SMS et Internet pour que le ministère des Communications tienne les gens informés.
Mobilisation des autorités télécoms
Dans cette dynamique, les régulateurs ont un rôle important à jouer, en rationalisant le processus et en établissant un routage des appels prioritaires sur les réseaux mobiles et fixes pour les personnes en première ligne dans la lutte contre le Covid-19 ainsi que pour toutes les institutions impliquées en ce sens. Aux régulateurs aussi de mener les procédures nécessaires pour connecter tous les acteurs de l’écosystème aux niveaux local, national et international et assurer un flux d’informations efficaces pendant que le continent lutte contre le coronavirus.
Alors que 46 pays africains ont déjà enregistré des cas de Covid-19, l’Union africaine des télécommunications appelle à une action harmonisée des régulateurs et opérateurs africains pour lutter contre la pandémie en mettant en œuvre le protocole d’alerte commun. Ce dernier implique le recours à plusieurs modes de communication pour sensibiliser le grand public à la maladie ainsi qu’aux mesures préventives. Côté opérateurs, cela implique de mettre gratuitement à disposition des autorités gouvernementales et sanitaires une partie de la bande passante, la mise à disposition de numéros d’urgence gratuits et la promotion de services SMS comme alternative aux communications téléphoniques pendant cette période.
Toutes ces initiatives mettent en lumière la nécessité d’utiliser des outils de mesure, d’analyse et de suivi en temps réel du trafic. Plus que jamais, pour tous les acteurs de l’écosystème numérique, relever le défi de la continuité et de la sûreté du réseau implique le recours aux technologies de données et le respect de la conformité réglementaire.