En ce début d’année 2021, alors que les pays apprennent à vivre avec le virus sur la durée, nos modes de fonctionnement socio-économiques, mis à rude épreuve, doivent être repensés en profondeur. Les réponses ciblées ayant montré leurs limites, l’heure est à une approche conjuguant plusieurs leviers d’action. Explications.
« Le virus de la récession a bien mieux circulé sur le continent africain que celui du Sars-CoV-2 », soulignait récemment, fort à propos, un article de France 24. De fait, les leçons à tirer de cette crise sont avant tout économiques. Et dans un contexte de numérisation croissante des pratiques, la nécessité de renforcer et sécuriser cet écosystème afin de mieux se prémunir contre les chocs futurs, a été mise en lumière. Si un tel enseignement est valable à l’échelle planétaire, il est particulièrement d’actualité en Côte d’Ivoire, où la numérisation de l’économie fait partie des priorités du Président Ouattara pour son nouveau mandat.
Si l’Afrique a beaucoup souffert en 2020 sur le plan économique, avec un recul du PIB africain pour la première fois en 30 ans et une récession dans 40 des 55 pays du continent, la Côte d’Ivoire représente l’un des rares pays ayant plutôt bien surmonté cette crise inédite. Avec une croissance de 1,8% en 2020, le pays a fait partie l’an dernier des dix économies d’Afrique aux taux de croissance les plus élevés, aux côtés de ses voisins ghanéen, béninois et guinéen. En plus d’avoir su maintenir une croissance positive en dépit de la conjoncture difficile, l’économie ivoirienne semble prête à retrouver sa vitesse de croisière en 2021 avec des projections de croissance proches de son niveau d’avant-crise (6,2% en 2021 et 6,47% en 2022, contre 6,52% en 2019).
Favoriser l’inclusion financière
Cette résilience économique a été récemment illustrée par l’émission d’un Eurobond au taux record pour le pays de 4,3%, qui souligne également la confiance des investisseurs en un redressement rapide de l’économie ivoirienne en 2021. Si la plupart des indicateurs macro-économiques sont au vert, il est néanmoins fondamental pour le pays de profiter de ce dynamisme pour accélérer et renforcer la numérisation de son économie et ainsi favoriser l’inclusion financière de l’ensemble de sa population. De quoi permettre à celle-ci de mieux traverser les périodes de crise, en plus d’élargir l’accès aux services de l’Etat aux régions les plus reculées.
Pour son mandat 2021-2025, le Président Ouattara a fait du développement de l’économie numérique l’un des piliers de son programme « Côte d’Ivoire Solidaire », en insistant notamment sur le besoin de numériser son administration et d’élargir l’accès de la population aux TIC. La crise sanitaire actuelle et les restrictions qu’elle implique rendent ce chantier d’autant plus urgent.
Accélérateur des ODD
Si le pays se distingue déjà à l’échelle du continent en matière de pénétration mobile, qui atteint un taux de 139,1% de la population, selon les statistiques récentes, le gouvernement doit continuer à soutenir la technologie comme levier de développement. En effet, le taux de pénétration d’Internet en Côte d’Ivoire était de 46,8% en janvier 2021, preuve que le combat pour l’inclusion numérique est encore loin d’être gagné. De même, le pays demeure très vulnérable aux problèmes de fraude et de cybercriminalité, communs à la quasi-totalité des pays du continent africain selon le Cybersecurity Index 2018 : sur les 55 nations africaines, seuls l’Ile Maurice, le Kenya et le Rwanda seraient aujourd’hui capables de répondre aux cybermenaces, faute de capital humain suffisant.
Le moment est donc opportun pour les autorités ivoiriennes de s’engager pleinement dans la numérisation de l’économie afin de renforcer sa gouvernance et de limiter sa vulnérabilité aux aléas futurs. Pour y parvenir, le pays peut aujourd’hui compter sur un marché des RegTech en pleine expansion : en Afrique, certains prestataires tels que Global Voice Group travaillent en partenariat avec les autorités réglementaires pour collecter et analyser les métadonnées issues des transactions dématérialisées des secteurs de télécommunications et fintech à des fins de conformité réglementaire.
Au-delà de sa bonne gestion de la crise du Covid-19, la Côte d’Ivoire doit faire du numérique un « un accélérateur critique des Objectifs de développement durable », selon les termes employés récemment par le Président kényan Uhuru Kenyatta. Alors que le monde entier est suspendu à l’immunisation de sa population, le numérique pourrait bien représenter le « vaccin » dont la Côte d’Ivoire a besoin face aux chocs économiques à venir.