Exploiter les données mobiles à des fins de statistique et d’élaboration de politiques : Laurent Sarr prend la parole au WTIS de l’UIT
En cette ère du numérique, la capacité de se connecter à des systèmes comme les réseaux mobiles et l’Internet est essentielle, d’autant plus depuis la pandémie de la Covid-19. Une connectivité de bonne qualité permet aux personnes, aux entreprises et aux gouvernements d’interagir, d’obtenir des biens, des services et des informations, d’apprendre et de prendre des décisions, entre autres. La connectivité universelle était le sujet central du 18ème Colloque de l’UIT sur les indicateurs des télécommunications/TIC dans le monde (WTIS), qui a eu lieu à Genève les 3 et 4 juillet, sous le thème de l’avancement du programme de mesure des indicateurs pour atteindre la connectivité universelle. Le sujet de la première session du deuxième jour était de mettre les données mobiles au service des statistiques officielles. En sa capacité de directeur en chef de la technologie, et en tant qu’expert dans le domaine de l’exploitation de la Big Data à des fins décisionnelles, Laurent Sarr a reçu une invitation à faire une présentation et à partager son expertise.
« La Big Data révolutionne le monde de la statistique »
Tels ont été les propos d’Esperanza Magpantay, l’une des participantes à la session se concentrant sur l’utilisation des données mobiles à des fins de statistique en vue de préparer le terrain pour la connectivité universelle. La statisticienne sénior de la division consacrée à l’analyse des données de TIC a justifié sa déclaration en mettant en avant les avantages de la Big Data, et plus particulièrement des données mobiles, pour la statistique. Ces avantages comprennent une amélioration de la granularité, de l’exactitude, de la qualité des informations et de la rapidité, ainsi qu’une diminution du coût de la collecte des données.
Les appareils mobiles génèrent de vastes quantités de données qui peuvent être explorées afin d’évaluer la performance de la société de l’information, de soutenir efficacement les bureaux nationaux de statistique et de suivre la réalisation des ODD. Ces données peuvent également fournir aux gouvernements et autorités de régulation des informations exploitables qui étayent l’élaboration de politiques, ce qui était le sujet de la présentation de Laurent Sarr. Cependant, l’accès aux données représentent un défi dans de nombreux pays pour diverses raisons, dont un manque de capacités, de ressources, de législation et – ce qui est très important – de confiance entre les différents intervenants.
Laurent Sarr et les autres participants à la session – Esperanza Magpantay; Rua Alshehhi, analyste de données, Federal Competitiveness and Statistics Centre, Émirats arabes unis; et Trevor Monroe, gestionnaire de programme pour le Development Economics Data Group de la Banque mondiale–ont mis les données mobiles en valeur comme une source précieuse d’informations et présenté des approches visant à améliorer l’accès aux données et donc à soutenir les bureaux de statistique et les gouvernements.
Renforcer la confiance grâce à la réglementation et à la technologie
La confiance est une exigence clé en ce qui concerne la création d’une société numérique. Le secteur public a besoin de données fiables et précises à des fins d’élaboration de politiques. Cependant, le manque de confiance de la part du secteur privé empêche le libre échange de données mobiles et autres entre les deux secteurs. Restaurer la confiance est donc un facteur essentiel de l’accès aux données.
Dans sa présentation, Laurent Sarr a expliqué que les raisons derrière ce manque de confiance étaient un vide réglementaire, des inquiétudes relatives à la sécurité des données et la nécessité d’améliorer la compréhension et la communication entre les secteurs public et privé. Selon lui, un cadre réglementaire approprié est essentiel pour promouvoir l’accès aux données dans les pays où cet accès demeure problématique. En effet, un tel cadre comblerait le vide réglementaire, définirait et ancrerait les exigences en matière de sécurité et de confidentialité des données, et enverrait un signal de fiabilité au secteur privé. Il a ajouté qu’il était nécessaire de mettre en œuvre des mesures technologiques pour garantir la totale conformité de l’échange de données aux lois sur la confidentialité des données. Ces mesures comprennent l’hébergement des données rassemblées dans un environnement privé hautement sécurisé, l’utilisation d’une infrastructure de TIC conforme aux meilleures pratiques de sécurité et aux standards informatiques et la pseudonymisation des données sensibles.
Les autres participants ont fait écho au besoin de renforcer les capacités technologiques. Trevor Monroe et Esperanza Magpantay ont expliqué que l’exploitation des données mobiles nécessitait du calcul de haute performance et des grandes capacités en matière de science des données. Rua Alshehhi, pour sa part, a mentionné le rôle de l’intelligence artificielle.
L’accès aux données est l’affaire de tous
Une fois restaurée, la confiance peut ensuite favoriser la coordination. La coordination (et la collaboration) s’est effectivement dégagée de la session comme un moteur clé d’accès aux données. Les interventions des participants ont indiqué que la coordination facilitait le renforcement des capacités et la création de partenariats public-privé (PPP), entre autres avantages.
Esperanza Magpantay a souligné l’importance de la coordination au niveau international, qui est la responsabilité de l’UN-CEBD, un comité international d’experts en matière d’utilisation des Big Data et de la science des données à des fins de statistique. Se concentrant sur la région MENA, Rue Alshehhi a appelé à l’engagement de l’ensemble de la société afin de faciliter le renforcement des capacités et le partage des connaissances.
Sur le sujet des PPP, Laurent Sarr a donné l’exemple de la collaboration actuelle entre GVG et le GPSDD (Global Partnership for Sustainable Development Data). Le but de cette collaboration est de soutenir les ministères des communications, les bureaux de statistique et autres institutions concernées en optimisant l’échange de données entre les secteurs public et privé. GVG contribue en assurant la modélisation des processus opérationnels (BPM), c’est-à-dire les outils et techniques servant à comprendre, analyser et documenter les processus et activités.
La coordination et la collaboration peuvent également permettre de lever des fonds pour financer la création d’écosystèmes de données modernes. Trevor Monroe, par exemple, a expliqué qu’il était nécessaire d’augmenter les investissements pour faire en sorte que tous les NSO aient la capacité de tirer parti des données mobiles. En effet, seulement 20 % des pays à faible et moyen revenu sont actuellement capables d’utiliser des données sophistiquées pour l’élaboration de politiques. Le besoin d’investissement est la raison pour laquelle la Global Data Facility a été créée.
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La connectivité universelle fait partie des ODD de l’ONU, ce qui atteste de son importance. Cette session du WTIS a montré que les données mobiles avaient un rôle clé à jouer dans la réalisation de cet objectif. En effet, en permettant aux bureaux de statistique de créer des statistiques fiables, elles fournissent aux gouvernements les informations dont ils ont besoin pour prendre les bonnes décisions et ainsi assurer une bonne gouvernance. Cependant, leur utilisation optimale dépend de la mise en œuvre d’un cadre et de technologies réglementaires appropriés. Cela renforcera la confiance et facilitera la mise en place de partenariats bénéfiques entre les secteurs public et privé. Cette approche pourrait sans doute s’appliquer aux données provenant de toute autre source.
Vous voulez lire notre blog sur la participation de Laurent Sarr à l’atelier de l’OMT sur les données de positionnement mobile pour la création de statistiques touristiques ? Cliquez ici.