Harmonisation réglementaire en Afrique : Trois conséquences favorables pour l’écosystème numérique
L’Afrique est un continent riche en diversité et en contrastes. Cela peut certes être considéré comme un atout par certains côtés. Cependant, cela représente aussi un défi d’un point de vue réglementaire, surtout dans le contexte de la transformation numérique du continent. En février de cette année, le Mail & Guardian rapportait qu’au cours des cinq prochaines années, 300 millions de personnes supplémentaires auraient accès à l’Internet en Afrique. Selon l’article en question, l’économie de l’Internet du continent aurait le potentiel de croître de 180 milliards USD, ce qui représente 5.2% du PIB, d’ici 2025. Toutefois, une harmonisation réglementaire doit s’effectuer pour permettre à l’Afrique d’atteindre ces nouveaux sommets.
D’après Engineering News, un rapport de perspective de marché publié par l’IDC aurait révélé une transition de politiques TIC rigides et excessivement complexes à des approches plus collaboratives attirant davantage d’acteurs dans le marché. Bonne nouvelle, et une étape encourageante vers l’harmonisation réglementaire. Voici trois conséquences favorables de l’harmonisation réglementaire sur le continent :
Une sécurité accrue
La sécurité est l’un des piliers de la confiance dans l’écosystème numérique. Cependant, le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) estime que les gouvernements africains doivent intensifier leurs efforts pour renforcer la protection des données et la cybersécurité s’ils souhaitent promouvoir la compétitivité, la sécurité et le commerce dans la région. Environ la moitié des pays africains a mis en place une législation relative à la confidentialité des données et/ou à la cybersécurité. Il est donc probable que le facteur contribuant aux lacunes sécuritaires actuelles soit plutôt l’hétérogénéité de cette législation d’un pays à l’autre. Par conséquent, le fait d’homogénéiser, ou d’harmoniser, les différentes lois nationales sur la sécurité aiderait à améliorer la sécurité numérique en Afrique, et donc à garantir la durabilité de la croissance numérique et du commerce.
Des service plus abordables
Le prix des services numériques comme l’Internet et les paiements transfrontaliers diffère considérablement d’un pays africain à l’autre. Par exemple, une enquête internationale effectuée par Cable UK en 2020 a montré qu’1 GB de données mobiles pouvaient varier d’« abordable » (soit un coût inférieur à 2% du revenu mensuel) à « inabordable » (soit un coût supérieur à 16% du revenu mensuel) à travers le continent. Plus spécifiquement, les Malawites payaient alors 87% du revenu national brut par habitant pour 1GB, alors que les Rwandais ne payaient que 2%. L’harmonisation réglementaire aiderait donc à réaliser des économies d’échelle, ce qui entraînerait par la suite une réduction des prix.
Une inclusion financière et numérique accrue
Le coût élevé des services numériques dans certains pays africains représente un obstacle réel à l’accès et à l’utilisation. Il en va de même pour les préoccupations relatives à la sécurité et à la confidentialité des données. En rendant les services numériques plus abordables et plus sécurisés, comme nous l’avons mentionné plus haut, l’harmonisation réglementaire permettrait donc à davantage de personnes d’utiliser ces services, améliorant ainsi l’inclusion financière et numérique. Selon le Fonds d’équipement des Nations Unies (FENU), l’harmonisation réglementaire favorise d’autres facteurs d’inclusion comme une infrastructure fiable et robuste soutenant l’entrepreneuriat ; des normes de pratique plus claires ; une protection accrue des clients ; et une plus grande facilité d’envoi et de réception des transferts de fonds.
Les avantages de l’harmonisation réglementaire en Afrique mentionnés ici sont tous des facteurs contribuant à la création d’un marché numérique unifié en Afrique. Ceci est d’ailleurs l’un des objectifs clés de la ZLECA (Zone de libre-échange continentale africaine), conjointement avec la stimulation de la position commerciale du continent dans le cadre du marché mondial. Cela souligne la nécessité, pour les gouvernements africains, de collaborer à la création d’un cadre réglementaire régional pour l’écosystème numérique qui apporterait des avantages socioéconomiques substantiels au continent et à sa population.