Le secteur africain des TIC répond-il aux attentes en matière de reprise ?
Flash-back sur le début de la pandémie de la Covid-19. Ce qui avait commencé comme une crise sanitaire a rapidement pris la forme d’une crise financière. Le secteur des TIC a été presque immédiatement affecté par l’interruption de la chaîne d’approvisionnement en équipement technologique et par l’annulation de certains événements sectoriels, comme le MWC. Cependant, il s’est vite rétabli, grâce un certain nombre de mesures destinées à répondre à la forte hausse de la demande de connectivité.
Dans un billet de blog publié en avril 2020, nous avions laissé entendre que la pandémie pourrait représenter une opportunité de développement pour le secteur, et que ce dernier pourrait une fois de plus jouer le rôle de moteur de la reprise économique, comme cela avait déjà été le cas durant la récession de 2008-2009. Retour rapide à la fin 2021. Le secteur a-t-il répondu à ces attentes ? Nous vous présentons ici une vue plongeante de la situation d’un point de vue économique, infrastructurel et technologique.
La perspective économique : Un secteur en expansion
La réponse semble être un « oui » ferme. Un récent rapport de l’UIT, Digital Trends in Africa 2021-Information and Communication Technology trends and developments in the Africa Region 2017-2020, affirme que la pandémie de la Covid-19 a stimulé le développement numérique sur le continent, particulièrement en ce qui concerne le secteur mobile. La demande en services numériques a entraîné une augmentation significative du trafic de données, surtout sur les réseaux mobiles. En effet, à la fin 2020, 495 millions de personnes – c’est-à-dire 46% de la population – étaient abonnées à des services mobiles en Afrique subsaharienne. Cela représente une hausse de presque 20 millions par rapport à 2019. D’un point de vue économique, les chiffres sont révélateurs : D’après le rapport The Mobile Economy – Sub-Saharan African 2021, les technologies et services mobiles ont généré 8% du PIB, ou 130 milliards USD, en Afrique subsaharienne en 2020. De plus, les prévisions indiquent que cette contribution économique va augmenter pour atteindre 155 milliards USD d’ici à 2025.
La perspective infrastructurelle : Investir pour renforcer la connectivité
L’une des raisons derrière cette croissance substantielle est que, tout au long de la pandémie, les opérateurs ont fortement investi dans la mise à niveau de leurs réseaux et autres infrastructures, afin de satisfaire la demande de connectivité. Et il semblerait qu’ils n’aient pas l’intention de s’arrêter là. En effet, selon le rapport de la GSMA mentionné plus haut, les opérateurs ont investi – et continueront à investir – entre 7,4 et 7,7 milliards USD chaque année de 2020 à 2025, pour un total de 15 milliards USD. De plus, un article publié par African Business suggère que, dans certaines zones, la demande de connectivité sera suffisante pour justifier un investissement annuel de 15 milliards USD. C’est cet investissement qui a permis, et continue de permettre, aux utilisateurs africains de travailler, d’apprendre, de faire leurs achats et de rester connectés malgré la crise qui perdure. Cependant, des améliorations sont encore nécessaires au niveau de la vitesse des réseaux. L’Afrique est à la traîne en ce qui concerne la 5G, et même la 4G. Néanmoins, on s’attend à ce que le nombre de connexions 4G atteigne 28% d’ici à 2025.
La perspective technologique : L’innovation est essentielle
Un autre effet positif de la pandémie est la vague d’innovation technologique menée par des start-ups africaines pleines de dynamisme. Les services financiers numériques, y compris les fintech, ont particulièrement bénéficié de cette vague. Selon African Business, ces services et technologie sont parvenus à gagner la confiance des investisseurs. À tel point que durant les huit premiers mois de 2021, les start-ups africaines ont collecté plus du montant combiné pour 2019 et 2020, indique la GSMA. Il est également à noter que certaines de ces start-ups, comme Opay au Nigeria et Wave au Sénégal, peuvent actuellement se vanter d’avoir atteint une valeur commerciale supérieure à 1 milliard USD.
L’avenir
À la lumière de ce qui précède, il paraît juste de conclure que le secteur africain des TIC, et particulièrement son segment mobile, a effectué une remontée impressionnante suite aux mois de confinement rigide, réussissant même à faire une contribution assez considérable au PIB du continent. Sa contribution n’a cependant pas été qu’économique, mais également sociale. En effet, la GSMA souligne que les investissements des opérateurs dans l’infrastructure réseau ont eu un impact positif sur l’ODD 9, « Industrie, innovation et infrastructure », tout en faisant progresser d’autres ODD, y compris nº4, « Éducation de qualité ». Ces accomplissements sont de nature à assurer un avenir solide pour le secteur africain des TIC.
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