Les données relatives aux envois de fonds permettent aux gouvernements de passer des transactions à…l’action
Les envois de fonds ne sont pas un phénomène récent. Pendant les 19ème et 20ème siècles déjà, certains pays européens dépendaient largement de l’argent que les travailleurs émigrés envoyaient à leur famille. L’importance des envois de fonds en ce qui concerne la santé économique des pays en développement et de leurs citoyens est donc bien documentée. Cependant, les volumes et montants enregistrés au cours des quelques dernières années, surtout en 2018 et 2019, ont atteint un niveau tel que cette importance ne cesse d’augmenter, et doit donc absolument être prise en compte.
Tendances clés
D’après la dernière note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, les envois de fonds à destination des pays à revenu faible et intermédiaire, on atteint leur montant le plus élevé, c’est-à-dire 529 milliards USD, en 2018, ce qui représente une augmentation de 9,6% en comparaison au montant déjà substantiel enregistré en 2017 (483 milliards USD). En 2019, les envois de fonds ont continué sur cette tendance à la hausse. En effet, selon les prévisions, ils étaient censés atteindre 551 milliards USD en 2019, soit une augmentation de 4,7% par rapport à 2018. De plus, les montants transférés sous la forme d’envois de fonds sont équivalents à trois fois l’aide officielle au développement depuis déjà les années 90, et sont sur le point de dépasser l’investissement étranger direct dans les pays en développement. Dans certains pays, les envois de fonds représentent une portion significative du PIB. Par exemple, les estimations indiquent qu’en 2019, les cinq pays censés recevoir la part la plus élevée du PIB sous la forme d’envois de fonds sont Tonga (38,5% du PIB), Haïti (34,3%), le Népal (29.9%), le Tadjikistan (29,7%) et la République du Kirghizistan (29.6%).
Enjeux relatifs à la viabilité de l’écosystème des envois de fonds
La croissance soutenue des envois de fonds implique un certain nombre d’enjeux pour les gouvernements et les autorités bancaires des pays bénéficiaires. La plupart de ces derniers font face à un manque de visibilité sur le marché des transferts monétaires, car très peu d’entre eux ont les ressources nécessaires pour tenir des registres statistiques des montants provenant de l’étranger. Ce manque de visibilité se traduit par un manque général de transparence et de conformité, qui peut à son tour créer un terrain fertile pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
La nécessité pour les pays émergents de créer et d’entretenir un écosystème des envois de fonds conforme et sûr est de plus en plus reconnue. Cela est de prime importance, et pas seulement en ce qui concerne la protection de la ressource elle-même. La façon dont les institutions bancaires étrangères et les fournisseurs de services de transfert monétaire perçoivent les pays émergents a également un impact énorme sur le coût des envois de fonds, comme le montrent de nombreuses études traitant du phénomène de la diminution des risques. Par exemple, il est considérablement plus coûteux d’envoyer le même montant à un pays subsaharien qu’en Asie du sud, les frais s’élevant respectivement à 9,6% et 5,5% du montant (Banque mondiale, 2016).
Visibilité et données précises : un besoin réel
Les gouvernements ont besoin d’avoir une visibilité totale de l’écosystème des transferts monétaires afin de mieux le superviser et de réduire les risques qui y sont associés. Il est possible d’atteindre ce niveau de visibilité par le biais de données précises et en temps réel que seules les technologies de l’information et les technologies relatives aux mégadonnées peuvent fournir. La bonne nouvelle est que de telles technologies sont de plus en plus abordables et accessibles, même pour les pays les moins développés.
De nos jours, la plupart des transferts monétaires s’effectuent par le biais d’outils numériques et peuvent donc identifiées à l’aide d’autres outils numériques connectés à la source des informations. Il est également possible pour les gouvernements et les autorités bancaires de vérifier les antécédents de chaque envoi de fonds à l’aide de bases de données financières et criminelles dans le cadre de leurs enquêtes sur le blanchiment d’argent et autres activités frauduleuses.
Il appartient aux gouvernements de profiter de cette numérisation accrue pour considérablement améliorer la conformité et la sécurité de l’écosystème des transferts monétaires dans leur pays respectif.