Les identités numériques dans le contexte de la crise du Covid-19
Kalev Pihl, expert en solutions ICP et en gestion de l’identité et PDG de SK ID Solutions AS, répond à 5 questions concernant la pertinence des identités numériques dans le contexte global de la crise du Covid-19.
Quel rôle les identités numériques peuvent-elles jouer dans le contexte de la crise du Covid-19 ?
Covid-19 force les sociétés à éviter le contact physique et restreint l’accès aux services publics et privés. Cela a un effet potentiellement préjudiciable sur le fonctionnement de base de toute société.
La numérisation des services et des identités est le seul moyen de continuer à fournir des services sous la menace du Covid-19. Des identités numériques solides et fiables promeuvent la sécurité, non seulement d’un point de vue physique, en permettant aux personnes de garder leurs distances, mais également d’un point de vue numérique, en facilitant l’identification des utilisateurs.
Comment les identités numériques peuvent-elles faciliter la transition du monde physique au monde numérique ? Pouvez-vous fournir un exemple de la façon dont elles permettent aux pays de gérer efficacement la crise du Covid-19 ?
La Suède constitue un bon exemple. Une société quasiment sans numéraire et une utilisation répandue de l’identité électronique sous la forme de BankID permet aux Suédois de maintenir le contact physique au sein d’un cercle limité à leur famille et à leurs collègues pendant la crise. Il reste encore à établir si la stratégie peu orthodoxe que le pays a adoptée pour combattre le Covid-19 a des avantages, mais il est clair que l’identité numérique permet aux opérations quotidiennes de se poursuivre normalement.
L’Estonie est un exemple de pays ayant réussi à la fois à numériser rapidement sa société et à faire face à la pandémie tout en souplesse. À votre avis, quels sont les aspects clés de cette réussite ?
Les secteurs estoniens de l’éducation et de la santé ont effectué une transition rapide et sans heurts aux identités numériques. Les élèves estoniens sont passés à l’enseignement à domicile littéralement du jour au lendemain, grâce à des environnements scolaires en ligne auxquels ils peuvent accéder à l’aide d’identités numériques.
Et bien que le secteur de la santé n’ait pas été tout à fait prêt à faire face au changement dans la relation docteur-patient, le système d’assurance-maladie a repensé l’émission des certificats d’incapacité en seulement deux jours (Cliquez ici pour lire l’article), une fois de plus grâce aux identités numériques.
Sans tenir compte des spécificités juridiques de chaque pays, quel serait le scénario idéal, à votre avis, pour une mise en œuvre efficace des identités numériques ?
Les identités numériques devraient faire l’objet d’un large dialogue politique hors période de crise, de sorte qu’elles puissent être mises en œuvre avec précaution et avec le consentement de la nation. La confidentialité, la traçabilité et l’applicabilité des données doivent être bien équilibrées, afin de permettre aux citoyens d’un pays de profiter des « dividendes numériques » tels qu’ils sont mentionnés dans le Rapport de la Banque mondiale, sans perdre leur autonomie en tant qu’individus. Un cadre légal adéquat et une supervision publique indépendante du système seraient de bons points de départ.
Quelles leçons pouvons-nous tirer de la mise en œuvre des identités numériques dans le contexte actuel ? Comment les gouvernements peuvent-ils mener à bien cette mise en œuvre de manière à la fois flexible et durable ?
L’utilisation des identités numériques se répandra si elle se révèle utile aux intervenants du marché. Les besoins de ces derniers doivent être pris en compte afin d’établir une stratégie appropriée à chaque pays, au meilleur coût. Dans certains cas, l’ergonomie pourrait devoir supplanter la fiabilité, pendant que nous attendons les identités numériques de deuxième et troisième générations, qui finiront certainement par arriver sur le marché.
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