Maintenir l’élan de la fintech en Afrique
Maintenir l’élan de la fintech en Afrique est un facteur clé de croissance économique. La fintech et son potentiel transformateur ont donc été inclus parmi les thèmes du dernier Mobile World Congress, qui s’est tenu à Kigali, au Rwanda. L’événement s’est concentré sur la libération immédiate du potentiel de la technologie de demain et a exploré des moyens de puiser dans l’innovation technologique pour stimuler l’économie numérique. GVG est le partenaire technologique de plusieurs régulateurs africains souhaitant optimiser les services financiers numériques pour promouvoir la croissance socioéconomique. Nous nous intéressons donc particulièrement au thème « Fintech » du MWC. Dans ce blog, nous partageons notre point de vue, en tant qu’experts, sur la croissance et les avantages de la fintech en Afrique, les défis à relever et les mesures à prendre pour soutenir le développement de la fintech sur le continent.
Croissance et avantages de la fintech en Afrique
La fintech est un champion de la transformation numérique en Afrique, surtout depuis la pandémie. Ce marché demeure le plus important de l’écosystème numérique africain, indique le rapport Finnovating for Africa 2023 de Disrupt Africa. En effet, selon le même rapport, le nombre de start-ups de fintech continue d’augmenter, avec un taux de croissance de 17,7 % de 2021 à 2023. Ce taux est semblable à celui qui a été enregistré de 2017 à 2019. Dans l’ensemble, le nombre de start-ups en activité a augmenté de 125,2 % de 2017 à 2023. La pénétration accrue des smartphones, la baisse des coûts de connectivité et une meilleure couverture réseau contribuent au succès des sociétés de fintech.
Ces sociétés développent des produits et services qui révolutionnent le secteur financier africain en améliorant son efficacité et son intégration. En effet, elles rationalisent les processus, améliorent la prestation des services et facilitent les paiements numériques transfrontaliers. La fintech est également largement reconnue comme un facteur d’inclusion financière et de croissance socioéconomique sur le continent. En effet, elle donne aux populations non bancarisées accès aux services financiers et aide à formaliser l’économie informelle. McKinsey souligne la valeur ajoutée que les fintechs apportent à leurs clients, particulièrement en matière de réduction des coûts. Par exemple, dans certains cas, elles peuvent faire baisser le coût des transactions de 80 %. Elles peuvent également réduire le coût des envois de fonds par six fois.
En reconnaissance de ces bienfaits, la plus récente édition du MWC a inclus des sessions spécifiques à la fintech. Ces dernières ont fait office de plateformes permettant aux participants de partager expertise, visions et stratégies en relation à l’innovation technologique, à la prévention de la fraude, aux tendances clés et la diversification des produits dans l’espace fintech.
Croissance de la fintech : les défis
Malgré sa croissance, l’écosystème africain de la fintech fait encore ses premiers pas et rencontre des défis de durabilité. Ces défis comprennent une réglementation inefficace, la dominance du liquide, une connectivité insuffisante et un manque de sécurité des données.
McKinsey indique que la fragmentation du cadre réglementaire financier africain affecte les fintechs. En effet, les écosystèmes nationaux de la fintech n’évoluent pas au même rythme. Par conséquent, les règlements propres à la fintech n’évoluent pas au même rythme non plus. Certains régulateurs africains ont mis en œuvre des mesures pour soutenir le développement des fintechs. Cependant, la complexité de la réglementation empêche parfois les entreprises de se conformer efficacement à ladite réglementation. Et en ce qui concerne les paiements numériques transfrontaliers, une réglementation hétérogène entre les pays interfère également avec l’expansion.
De plus, une réglementation inappropriée nuit à la sécurité des données, un autre défi auquel les fintechs font face. Tous les pays africains n’ont pas mis en œuvre de réglementation nationale relative à la confidentialité des données. On comprend donc aisément l’inquiétude des utilisateurs de services fintech. Le manque de confiance qui en résulte est susceptible de retarder l’adoption de ces services.
Une connectivité insuffisante a également un impact négatif sur l’adoption. Selon des données de l’UIT datant de 2022, seulement 40 % de la population africaine utilise l’Internet. Cela signifie que 60 % n’ont pas accès aux services financiers numériques. Les lacunes en matière de connectivité expliquent en partie pourquoi l’argent liquide s’utilise encore dans 90 % des transactions financières effectuées sur le continent.
Maintenir l’élan de la fintech en Afrique
Stimuler l’adoption des services fintech en Afrique requiert donc un cadre réglementaire favorable et harmonisé comprenant la sécurité des données. Cela demande également d’améliorer la connectivité et de soutenir la transition vers une économie sans liquidités. Les fintechs ont certes la responsabilité d’innover, d’assurer la qualité de service et de se conformer aux exigences réglementaires. Cependant, les gouvernements jouent un rôle crucial dans la création d’un environnement propice à la croissance de la fintech.
Une collaboration entre les fintechs et les autorités réglementaires permettrait de relever le défi réglementaire. Un échange transparent d’informations entre les intervenants contribuerait effectivement à créer une réglementation propice au développement de la fintech. Des sociétés performantes comme OPay, M-Pesa et Fawry travaillent d’ailleurs déjà avec les autorités réglementaires en vue de créer un cadre mutuellement bénéfique, selon McKinsey. Une collaboration entre autorités, pour sa part, favoriserait l’harmonisation réglementaire, et donc l’interopérabilité et l’usage de services comme les paiements numériques transfrontaliers.
En plus de travailler en partenariat avec les sociétés fintech, certains régulateurs africains ont décidé d’acquérir des solutions technologiques les connectant directement à l’écosystème de la fintech. Ces solutions leur fournissent ainsi des données exploitables pour soutenir la prise de décisions. Elles les aident également à garantir la transparence, la conformité et la sécurité au sein des services fintech. Cela renforce ainsi la confiance des utilisateurs et l’adoption de ces services. Par exemple, le Rwanda et la Tanzanie ont mis en œuvre des technologies orientées données pour assurer la bonne gouvernance de l’écosystème de l’argent mobile et tirer profit de ses avantages socioéconomiques.
Le rôle crucial des régulateurs
La prise de décisions orientée données est bien sûr également pertinente lorsqu’il s’agit d’améliorer la connectivité et de promouvoir l’économie numérique. Plus les renseignements sur l’écosystème de la fintech sont fiables, le plus efficacement les régulateurs peuvent créer les conditions permettant de maintenir l’élan de la fintech en Afrique.
L’industrie africaine de la fintech a un potentiel énorme qui demande à être cultivé efficacement pour pouvoir être pleinement réalisé. Cela est vrai non seulement du secteur financier, mais aussi des vies des Africains. En effet, un écosystème de la fintech dynamique peut créer des emplois et améliorer l’inclusion financière. Et au bout du compte, stimuler le développement sur le continent. C’est aux gouvernements et autorités de régulation que revient la responsabilité de créer les conditions nécessaires à la croissance de la fintech, de sorte à optimiser la contribution de cette dernière au développement socioéconomique. Renforcer leurs capacités technologiques et travailler en collaboration avec les acteurs fintech leur permettra de remplir cette mission cruciale.
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