Par Afrique IT News.
En rapide expansion depuis plusieurs années sur le continent africain, la numérisation a connu une véritable envolée avec la pandémie que nous subissons depuis un an maintenant. Cette évolution s’est faite sans que les autorités publiques ni les entreprises privées ne soient préparées à faire face aux menaces intrinsèques. Un rapport publié en avril 2019 par la société de services et de conseil en informatique Serianu estimait ainsi à 3,5 milliards de dollars les pertes subies par les entreprises africaines du fait de la cybercriminalité, le Nigeria affichant les pertes les plus lourdes avec 649 millions de dollars. Mais le Nigeria est loin d’être un cas isolé, la cybersécurité étant un enjeu essentiel pour l’ensemble des pays de la sous-région, qui restent encore trop vulnérables à ces menaces. Alors que le digital constitue la clé de voûte du développement pour les années à venir et que la plupart des Etats se lancent dans des politiques numériques ambitieuses, la cybersécurité doit faire l’objet d’une attention particulière des gouvernements.
Protection insuffisante
Selon le Forum économique mondial, en 2021, les dommages causés par la cybercriminalité pourraient atteindre 6 000 milliards de dollars – un montant supérieur au PIB du Japon, la troisième économie mondiale. L’Afrique n’est pas épargnée par ces menaces croissantes, comme l’a souligné l’appel récent du hacker franco-sénégalais SaxX pointant des vulnérabilités alarmantes du continent face aux cyberattaques. Selon le Cybersecurity Index 2018 de l’Union Internationale des télécommunications (UIT), seuls Maurice, le Kenya et le Rwanda font partie du top 50 des pays les mieux préparés face aux cybermenaces, tandis que le reste du continent arrive en queue de peloton du classement mondial. Cette situation résulte à la fois d’une faiblesse infrastructurelle, d’une disparité entre les réglementations actuelles et les technologies existantes mais aussi d’un besoin de synergies et de programmes adaptés pour que les personnels qualifiés obtiennent des résultats. En outre, une sensibilisation de la population serait indispensable. Le problème de la cybersécurité touche l’Afrique de l’Ouest dans son ensemble, et cette dernière doit s’engager au plus vite dans la protection de son écosystème numérique, désormais vital pour son économie.
Une nécessité renforcée suite aux mesures de confinement et de restriction des interactions sociales et économiques. Celles-ci ont en effet conduit à une digitalisation accrue de nos modes de vie, avec un essor du télétravail, des transactions digitales ou encore du divertissement en ligne. Or de tels changements exposent davantage les populations et les entreprises aux cybermenaces, « les utilisateurs à la maison [étant] généralement moins conscients des menaces informatiques et [ayant] tendance à être plus insouciants lorsqu’ils naviguent sur Internet, lisent des e-mails ou installent des logiciels », explique Denis Parinov, chercheur en sécurité chez Kaspersky.
À menaces numériques, outils numériques
Face à ce défi urgent, l’Afrique de l’Ouest semble vouloir s’engager pour un Internet plus sûr, et différents signaux traduisent cette volonté politique. D’abord, l’adoption récente par le parlement de la CEDEAO d’une stratégie commune contre la cybercriminalité, qui devrait encourager la lutte contre cette menace transnationale. Ce document, qui doit encore être ratifié par les Etats membres, vise à « renforcer leurs capacités de cybersécurité, à protéger leur cyberespace et leurs infrastructures d’information critiques, ainsi qu’à renforcer la confiance et la sécurité dans l’utilisation des TIC et à lutter efficacement contre la cybercriminalité ».
Avant la pandémie, certaines initiatives ambitionnaient déjà de mieux protéger le pays et la population face à ces risques numériques, à l’image de l’inauguration fin 2018 d’une école de cybersécurité à vocation régionale à Dakar. En sensibilisant les étudiants aux risques d’Internet et en les formant pour pouvoir y répondre, ce centre devrait permettre à la sous-région d’avancer dans la bonne direction.
Si les dimensions humaines et politiques demeurent essentielles dans la lutte contre la cybercriminalité, celles-ci doivent être accompagnées de l’acquisition d’outils numériques pour permettre de mener ce combat. Il existe aujourd’hui différentes solutions numériques pour faciliter la supervision des TIC et en assurer la conformité, à l’instar de la suite Safety Net développée par Global Voice Group. Face aux pertes colossales que génère le manque de régulation d’Internet pour le continent africain, notre objectif est de fournir aux gouvernements les données dont ils ont besoin pour lutter efficacement contre la fraude et la cybercriminalité.
Les Etats ouest-africains semblent aujourd’hui déterminés à s’engager dans la lutte contre la cybercriminalité : le moment est donc opportun pour eux de se doter des technologies nécessaires à la concrétisation de cet objectif.