Par Laurent Mbakoa, Digital Business Africa.
Dans un environnement numérique complexifié par la convergence des services mobiles et d’Internet, les Etats sont confrontés à des risques accrus en matière de sécurité numérique. Cyberattaques, vols d’identité, virus, piratage et fake news sont autant de menaces que les pouvoirs publics doivent se donner les moyens de contrer.
Si la sécurité numérique et la cybersécurité sont l’affaire de tous, la sécurité nationale et la protection des citoyens incombent aux gouvernements, qui doivent relever un double défi : assurer la conformité de l’écosystème numérique aux réglementations nationales ainsi que la protection de leurs économies respectives. Face à cette problématique, l’Afrique est le continent le plus vulnérable à la cybercriminalité faute de protection numérique adéquate, de personnel qualifié et de coordination réglementaire. Selon l’indice mondial de cybersécurité de l’UIT 2018, l’Afrique est la région comptant le moins de pays ayant adopté une stratégie de cybersécurité. De plus, seul un tiers d’entre eux utilisent des indicateurs pour l’évaluer.
Ce défaut de protection numérique touche aussi bien les gouvernements que les entreprises et les citoyens, ce qui constitue une menace pour la stabilité et la croissance du continent. De fait, cette cybercriminalité a un coût annuel significatif : environ 3,7 milliards de dollars, selon l’étude 2018 réalisée par la société de cybersécurité Jighi. Soit un fléau à même de freiner le développement de l’économie numérique en Afrique.
Face à cette menace crescendo, « l’Afrique doit s’investir considérablement dans la cybersécurité si elle veut aborder sereinement la quatrième révolution industrielle. C’est une problématique incontournable pour les 460 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles que compte le continent », souligne James Claude, PDG de Global Voice Group, fournisseur de services IT aux gouvernements et autorités de régulation des pays émergents.
À problème numérique, solution numérique
Dans ce contexte, les pouvoirs publics réfléchissent aux mesures et outils à déployer pour contrer ces menaces. Parce qu’il ne suffit pas de mettre en place des règlements et d’exiger des opérateurs, des fournisseurs d’accès et des Gafam de s’y conformer et d’intervenir en cas de risque, GVG a développé SafetyNet, une plateforme de sécurisation de l’écosystème numérique. Cet outil d’analyse permet aux gouvernements et aux organismes réglementaires de contrôler les aspects de sécurité les plus complexes liés aux sites Internet, aux blogs et aux applications.
Ce nouvel outil de lutte contre la cybercriminalité est déployé pour éliminer toutes les menaces potentielles susceptibles d’affecter les différents canaux numériques et de menacer la sécurité des internautes et des abonnés. Pour ce faire, il repose sur l’analyse et l’identification des menaces, le blocage des sites illicites ou non conformes, la surveillance de la conformité réglementaire, la gouvernance de l’identité numérique et de l’identité mobile.
Identifier et analyser les menaces
A travers le monitoring automatisé des données en temps réel, SafetyNet, d’après ses concepteurs, renforce les réglementations grâce à un système intelligent protégeant le cyberespace du pays. Cet outil fournit par ailleurs aux autorités un flux continu de données consolidées permettant aussi d’identifier les services ne respectant pas la réglementation fiscale et de prendre les mesures appropriées. « Au final, c’est la garantie d’une meilleure réactivité et proactivité en termes de gouvernance de l’identité numérique, et ce dans le strict respect des lois sur la conformité des données. Traiter efficacement ces menaces permettra aux gouvernements des pays émergents de favoriser la confiance dans les nations numériques, à l’exemple du Kenya et du Ghana, qui ont officialisé leur agenda numérique en 2018 », indique-t-on chez GVG.